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Le sujet de mon travail de fin d'études portera sur les cheveux des afrodescendantes.
Ma recherche s'articule en deux axes : le premier étant de traiter de la place du cheveu texturé dans notre société actuelle.
Le cheveu me semble intéressant comme base de recherche, ainsi que comme matière graphique à explorer sous différentes formes. Il y a un réel discours collectif émanant des afrodescendantes relatant leur expérience quant à leurs cheveux, qu'il s'agisse de clichés, de remarques ou d'actes racistes.
Ces dernières années, le ''Natural Hair Movement'', a connu un succès considérable en Occident. En plus d'être un mouvement d'acceptation de soi, c'est une affirmation politique et un rejet des normes de beauté eurocentrées. Malgré ce succès, les produits de défrisage restent courants, les cheveux les plus lisses sont vus comme ''plus professionnels'' et il est interpellant de voir que les femmes racisées ayant le plus de succès (e.g., Beyoncé, Oprah Winfrey, Michelle Obama...) aient dans la majorité des cas les cheveux défrisés/lisses. Je tiens à comprendre les enjeux de la coiffure : le défrisage aujourd'hui est-il le résultat d'un passé oppressant ou est-il un choix purement esthétique et pleinement conscient ?
Un de mes premiers constats a été de remarquer le manque de vocabulaire francophone en relation avec le cheveu naturel, ce qui contraste des pays anglo-saxons où le Natural Hair Movement est nettement plus populaire.

Le deuxième est d'exploiter le cheveu comme vecteur d'autres luttes afrodescendantes.
Proche de nous, le passé colonial belge ou l'esclavagisme sont des périodes importantes de l'histoire qui façonne le vécu des personnes afrodescendantes. La représentation des femmes issues de la diaspora africaine en Europe est jusqu'à ce jour limitée et le peu de représentation disponible est bien souvent stéréotypé.
Ce vecteur sera autant graphique que métaphorique, je vise à retracer les origines de certains stéréotypes fait de la femme africaine (et afrodescendante) ainsi que de comprendre les comparaisons faites des cheveux texturés.

L'afrodescendance est un terme utilisé pour désigner les personnes de descendance africaine nées hors d'Afrique. Elle s'inscrit donc en Belgique dans un contexte post-colonial conséquent.
Etant donné que ma recherche se concentrera sur l'expérience des femmes racisées, il me semble nécessaire d'aborder l'afro-féminisme et d'inscrire mon travail dans ce mouvement. Les idées de du mouvement sont en alignement avec mes opinions, notamment sur l'intersectionnalité, intrinsèque à l'afro-féminisme  : un concept qui s'intéresse aux identités multiples et aux différentes oppressions qui en résultent. Cette notion d'intersectionnalité est relativement récente. Le féminisme ''mainstream'', majoritairement blanc n'a à l'origine pas milité pour les femmes qui sont confrontées à d'autres discriminations (genre, sexuelle, classe, religieuse). Ce féminisme s'est uniquement concentré sur les intérêts des femmes blanches de classe moyenne ou supérieure et hétérosexuelle . Le white feminism porte d'ailleurs un regard colonialiste sur le corps de la femme noire et la femme racisée.
Etre femme et être une personne de couleur résulte à vivre une double-peine, car bien qu'invisibles ou peu visibles, les discriminations sont systémiques. Je voudrais évoquer dans mon travail cette identité double, être femme et afrodescendante et de ce fait montrer un vécu commun. Je tiens à éviter de les limiter à cela, et démontrer que chaque identité est enrichie d'autres éléments qui viennent s'y juxtaposer et que l'expérience universelle de l'afrodescendante n'existe pas.

Je veux constituer un recueil de récits, les rapprocher dans leurs similitudes tout en les différenciant dans leur pluralité. Ma recherche théorique se base sur des œuvres (documentaires, livres, poèmes...) d'afrodescendantes européennes. L'évocation des origines des mouvements que j'aborderai est bien sûr nécessaire et permettra de comprendre le contexte actuel.
Mon travail se veut militant, qui part de l'intime vers le politique et d'expliquer en quoi le cheveu est un élément politique. Ma pratique artistique se voudra facile à lire et je voudrais éviter d'avoir un graphisme ''prétentieux ''.
De ce fait, j'ai fait le choix de n'utiliser que des programmes libres de droit pour toute la conception et publication de mon travail de fin d'études. L'éthique et la transparence me semblent être primordiales dans ma recherche et ma future pratique artistique. Les questions de partage de connaissances m'ont été importantes durant les dernières années, je profiterai de ce TFE pour sortir d'un graphisme que j'ai pris l'habitude de créer, sans expérimentation majeure.